Le Rallye du Valais vu par Les Carron

Haut-lieu du Championnat de Suisse de la spécialité, le RIV (Rallye International du Valais) a marqué plusieurs générations d’équipages, principalement Romands. Six pilotes – par ordre alphabétique le Tessinois Ivan Ballinari, le Jurassien recordman des victoires Olivier Burri, les Valaisans Jean-Marie et son neveu Sébastien Carron, leur compatriote ex-champion de ski Philippe Roux et l’ancien pilote de F1 Bâlois Marc Surer – replongent dans leurs souvenirs pour l’ACS, nouveau partenaire de l’épreuve.

Ci-après Les Carron

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Les Carron: Le clan des Valaisans

Si les pilotes Romands se sont taillés la part du lion dans le palmarès du Rallye International du Valais, les locaux, premiers concernés, et souvent aux avant-postes de la bagarre pour le podium, ne sont que sept à avoir eu la joie de s’y imposer. Avant-dernier en date (2016) Sébastien Carron (avec Lucien Revaz sur Ford Fiesta R5) a ceci de particulier qu’il venait compléter la saga familiale, initiée par son oncle Jean-Marie en 1975 (avec Pierre Schaer) et 1981 (avec Ugo Rattazzi) sur Porsche 911. On pourrait ajouter les deux précédentes victoires de Jean-Marie Carron en tant que navigateur, de Michel Rudaz (BMW 2002) en 1971 et de Jean Gay (Porsche) deux ans plus tard. Sans oublier, évidemment, les deux frères de Jean-Marie, Philippe Carron (le papa de Sébastien ; 2ème du RIV et Champion de Suisse 1978 avec Daniel Siggen sur Fiat 131 Abarth) et Christian Carron, (2ème et 1er Suisse avec Philippe Antille sur Porsche 930 turbo en 1982). Sacrée famille !

Premiers contacts

Si l’oncle Jean-Marie avait donc commencé de 1968 à 1974 dans la baquet de droite de ses deux frères, c’est aussi parce qu’il était malade à côté qu’il passa au volant. «On roulait à la carte, c’était plus difficile à suivre que de lire les notes, j’étais souvent penché à la fenêtre...» rigole-t-il. Les premiers souvenirs de Sébastien ont quelquechose de similaire : «papa bossait tous les soirs sur sa Porsche, en bas à l’atelier, et moi je traînais autour. Un soir j’ai eu la chance qu’il m’emmène avec lui l’essayer. J’ai toujours ce flash : j’étais assis trop bas dans le baquet, je ne voyais pas la route, je me souviens du bruit, des secousses, de la vitesse, c’était plutôt effrayant… mais dès que j’ai eu mon permis de conduire, j’ai voulu faire comme lui !».

Au contraire de Jean-Marie, qui s’imposa dès sa première participation en tant que pilote, les débuts de Sébastien (en 2001) ont été difficiles : « je courais peu, je ne faisais pratiquement que le Rallye du Valais, je manquais d’expérience, j’étais trop fougueux, ce n’est qu’à partir de 2007 que j’ai gagné en régularité, et les résultats ont suivis. On n’avait pas les moyens de faire davantage de courses, et on a traîné ça plusieurs années… Mais on avait quand-même tout-de-suite bien marché: en 2001, pour notre premier rallye, on était en tête de la classe, en bagarre avec les Peugeot 106 de la Coupe. Personne ne voulait y croire ! Et rebelote l’année suivante, mais à chaque fois on a abandonné…».

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Des victoires de poids

Sa victoire de 2016 n’en était que plus gratifiante : «Le RIV, je suis vraiment content de l’avoir gagné au moins une fois» résume Sébastien. «C’est une grande chance, parce que c’est très compliqué. C’est un rallye de niveau International, la concurrence est rude. On disait souvent que gagner le RIV avait plus de valeur que de gagner le championnat. Je me souvenais de la victoire de Philippe Roux, en 1992 qui m’avait marqué étant gamin. C’était le dernier Valaisan à s’être imposé au RIV, et 24 ans après c’est moi qui me retrouvais sur le même podium. On dit souvent qu’on ne se rend pas compte sur le moment de ce qu’on a réussi, mais moi j’ai parfaitement réalisé : je me revoyais tout gamin, courir au pied du podium, dans la foule, entendre le speaker, voir les gars s’asperger au champagne. C’était très fort comme sensation….».

Pour Jean-Marie Carron, ses deux victoires de 1975 («parce que c’était la première au volant...») et de 1981 ont la même valeur, «parce que cette année-là il n’y avait devant nous que des pros étrangers, l’Anglais Jimmy McRae (Opel Ascona 400), l’acrobate de Renault Jean Ragnotti et le Hongrois Attila Ferjancz sur une autre R5 Turbo. Mais j’ai de bons souvenir de toutes les années...».

Au niveau du Mondial

Ou presque : «en 1993, on crève, le cric était cassé, des spectateurs nous en prêtent un, mais une écurie concurrente a déposé protêt, et on a été mis hors-course pour aide extérieure non autorisée. On était 2 es ...». Tout au long de ses quelques 30 ans de carrière, Jean-Marie Carron a eu la chance de piloter plusieurs belles voitures, mais une l’a marqué: «l’Audi Quattro Gr.B de 1985, évidemment ! C’était une voiture exceptionnelle, la pionnière de la traction intégrale, on était l’équipage officiels AMAG (Red : l’importateur en Suisse), j’ai eu beaucoup de plaisir à la piloter...».

Malgré les décennies qui les séparent, Jean-Marie et Sébastien Carron sont d’accord sur un point : « Le RIV aurait sa place au calendrier du Championnat du Monde WRC» estiment-ils. «Vincent Landais, qui fut mon coéquipier avant de naviguer Pierre-Louis Loubet et maintenant Sébastien Ogier, m’a toujours dit qu’il trouvait le parcours magnifique» ajoute le plus jeune des Carron. «C’est un rallye à part, même s’il ne m’a pas trop réussi. J’y ai eu ma dose de malchance. Comme en 2021 où on signe tous les «scratches» de la première journée pour terminer avec 50’’ d’avance, et le lendemain je casse deux jantes en effleurant une bordure. Et on n’avait qu’une seule roue de secours…».

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Figurant parmi les grands événements sportifs du «Vieux Pays», le Rallye international du Valais (RIV) vivra sa 94e édition du 24 au 26 octobre prochains. Une édition qui scellera un nouveau partenariat avec l’Automobile Club de Suisse.

Texte: Mario Luini
Images: @ARC

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