Le Rallye du Valais vu par Philippe Roux 

Haut-lieu du Championnat de Suisse de la spécialité, le RIV (Rallye International du Valais) a marqué plusieurs générations d’équipages, principalement Romands. Six pilotes – par ordre alphabétique le Tessinois Ivan Ballinari, le Jurassien recordman des victoires Olivier Burri, les Valaisans Jean-Marie et son neveu Sébastien Carron, leur compatriote ex-champion de ski Philippe Roux et l’ancien pilote de F1 Bâlois Marc Surer – replongent dans leurs souvenirs pour l’ACS, nouveau partenaire de l’épreuve.

Ci-après Philippe Roux

Philippe Roux

Philippe Roux: : «Que des bons souvenirs»

On ne présente plus Philippe Roux, un des as de la formidable Equipe Suisse de Ski Alpin des années 70 qui écumaient les descentes avec son copain et presque voisin Roland Collombin. Après le ski, la carrière du descendeur de Verbier devait se poursuivre sur quatre roues, un rêve hélas réduit à néant par un grave accident lors d’une manche du Championnat d’Angleterre de Formule Ford, à Silverstone, en septembre 1979. Il s’en sortit par miracle, sauvé de la paralysie par la musculature de son cou de taureau, forgée au rythme des années d’entraînement et de descentes de Coupes du Monde. Mais le sport auto n’était pas oublié pour autant : adieu la monoplace et les circuits, Philippe Roux se prolongeait dès 1981 «dans les voitures avec toit», comme il dit. Et donc le rallye, débouché presque naturel quand on habite dans la région accueillant ce qui est unanimement considéré comme l’une des plus belles épreuves d’Europe.


Philippe Roux
Philippe Roux

Sans pression...

Avec la bagatelle de 36 participations en 40 ans au Rallye International du Valais, entre 1975 sur sa Lancia Stratos personnelle et 2014 sur une Ford Fiesta WRC2, Philippe Roux détient le record d’assiduité à ce qui est devenu un peu «son» épreuve. Et avec la bagatelle de 12 podiums, dont trois victoires au scratch (en 1978, 1988 et 1992) et deux au classement Suisse (1990 et 2002), il en est aussi le plus victorieux des sept Valaisans vainqueurs du RIV. « Et en 1973 on avait déjà fait ouvreur avec Roland (Red : Collombin) sur une Fiat X1/9» rajoute-t-il. Ce même Collombin avec qui il se «tirait la bourre» régulièrement : «on allait sur la Coupe du Monde de ski par la route, on accumulait les km à travers l’Europe pendant tout l’hiver, par toutes les conditions. Et le soir, en stations, après les entrainements, on allait encore s’amuser sur les cols voisins. C’est ce qui m’a donné le goût du pilotage. Et c’est devenu une passion...».

Mais une passion raisonnée : « l’accident de Silverstone m’a freiné» avoue-t-il, «après, je me suis toujours gardé une petite marge de sécurité». C’est ainsi que l’ex-descendeur explique sa remarquable fiabilité : en 36 départs au Rallye du Valais, il n’a connu que 5 abandons, la plupart d’origine mécanique. « J’ai toujours été assez fiable parce que je roulais sans pression, ce qui me permettait de rester un peu en-dessous de la limite» analyse-t-il. « Je me disais : tu fais le Valais, tu finis 3ème , OK, c’est bien. Et si t’es 1er… tant mieux !. Je ne me suis jamais pris la tête. Ce n’était pas comme en ski, où je partais à chaque fois pour gagner. J’ai toujours roulé avec une mentalité d’amateur… mais un bon amateur !».

Crève-coeur à la Croix de Coeur

A son dernier RIV, en 2014, le Verbiéran était encore à égalité de podiums avec le recordman absolu de l’épreuve, le Jurassien Olivier Burri. «Incroyable...» souffle-t-il. « J’ai eu la chance d’avoir de bonnes voitures, et de bons sponsors. Faut savoir rester raisonnable, si t’as pas les sous, tu fais pas. Si j’ai le budget, j’y vais, même pour un ou deux rallyes seulement dans l’année. Il y en a trop qui s’enterrent dans les dettes...». Aujourd’hui qu’il a levé le pied, Philippe Roux met d’ailleurs ses fidèles sponsors au service d’autres pilotes de talent, comme Mike Coppens (double vainqueur du RIV en 2021 et 2022), Jonathan Michellod (champion de Suisse Junior 2016, trois fois sur le podium du RIV entre 2021 et 2023) ou Thibault Maret (actuel 3ème du Championnat).

Une façon pour lui de prolonger le rêve et la passion qu’il a lui-même vécus au volant. « Je n’ai que des bons souvenirs... » admet-il, toujours positif. «La victoire de 1992 avec la Lancia Delta, m’a marqué. La montée de la spéciale Les Vallettes – Champex, avec cette auto qui poussait comme un avion de chasse, c’était quelque chose de magique ! On a longtemps eu le record…». Au chapitre des regrets, il n’en voit qu’un : «peut-être l’abandon avec la Renault 5 Turbo, en 1981. C’était la première en Suisse, on était fier de l’avoir eue. Mais elle n’était pas vraiment préparée pour la course. Elle nous a lâché à la Croix de Coeur… ». Juste au-dessus de Verbier, donc !

Philippe Roux
Philippe Roux

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Figurant parmi les grands événements sportifs du «Vieux Pays», le Rallye international du Valais (RIV) vivra sa 94e édition du 24 au 26 octobre prochains. Une édition qui scellera un nouveau partenariat avec l’Automobile Club de Suisse.

Texte: Mario Luini
Images: @ARC

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