Haut-lieu du Championnat de Suisse de la spécialité, le RIV (Rallye International du Valais) a marqué plusieurs générations d’équipages, principalement Romands. Six pilotes – par ordre alphabétique le Tessinois Ivan Ballinari, le Jurassien recordman des victoires Olivier Burri, les Valaisans Jean-Marie et son neveu Sébastien Carron, leur compatriote ex-champion de ski Philippe Roux et l’ancien pilote de F1 Bâlois Marc Surer – replongent dans leurs souvenirs pour l’ACS, nouveau partenaire de l’épreuve.
Ci-après Olivier Burri.
Au pourcentage de participations – 30 de 1984 à 2019 - et de succès – neuf victoires au «scratch» et 4 autres au classement Suisse -, un pilote survole le palmarès du rallye du Valais : le Jurassien Olivier Burri, par ailleurs quatre fois Champion de Suisse de la spécialité avec Christophe Hofmann à ses côtés. Une domination qui laisse songeur même le principal intéressé ! «Comment expliquer autant de réussite ? Pas évident...» réfléchit Olivier Burri. «Je dirais d’abord que c’est le rallye le plus compliqué du Championnat de Suisse. Le RIV, c’est un vrai petit Monte-Carlo : il y faut de la gestion, savoir faire des compromis, il y a beaucoup de stratégie, entre autre dans le choix des pneus en fonction des différentes spéciales. Et puis il y a l’expérience du terrain qui joue. Et peut-être la chance ? Un RIV, ça se prépare deux fois plus attentivement que les autres, on n’y laisse jamais rien au hasard. J’ai toujours approché le Monte-Carlo et le RIV différemment du reste du calendrier. On ne peut pas y aller la fleur au fusil. Le RIV est à un autre niveau…».
Et puis, il y a… les gènes : André Burri, le papa d’Olivier, courait dans les années 70, et on le vit même deux fois au départ du Rallye du Vin, ancêtre de l’actuel RIV, sur une Simca Rallye2. Une quarantaine d’années plus tard, c’est maintenant Michaël Burri, le fils d’Olivier, qui brille sur les mêmes routes : après y avoir débuté en 2008, il a terminé six fois consécutivement sur le podium de 2017 à 2023, signant même au passage une victoire au classement Suisse. Ce qui complète l’analyse d’Olivier Burri : «c’est de famille» avance-t-il, « on a cette chance de savoir s’adapter rapidement à piloter dans toutes les conditions. Plus c’est difficile, meilleurs on est...». C’est d’ailleurs en suivant son père sur les courses qu’Olivier a mordu à l’hameçon : «c’est lui qui m’a donné le virus, on le suivait avec ma maman, et il avait un célèbre navigateur qui savait nous motiver, à coup de pièces de 5 francs, pour qu’on participe à l’assistance. Et avec le garage familial, on a baigné dans la mécanique...».
De ses 13 victoires, Olivier Burri en retient au moins deux : « Disons la première, parce que c’est toujours une étape importante dans une carrière de sportif, et la dernière, en 2019 : celle-ci était exceptionnelle parce que Mick (Red : Michaël) était aussi sur le podium, à la 3ème place. Au niveau de l’émotion c’était très fort ! Sinon, elles ont toutes quelque chose de particulier. Ah oui, celle de 2006 aussi, quand on gagne avec la Subaru Impreza Gr.N, plus proche de la série, devant les vraies voitures de course du Gr.A. On a signé des chronos en descente qui avaient marqué mon navigateur du jour, Fabrice Gordon, qui en a pourtant vu d’autres : « plus jamais ça !» me disait-il. Au chapitre des déceptions, Olivier Burri relève son abandon lors de sa découverte du RIV, en 1984, «parce qu’on s’était mis sur le toit, avec mon cousin !» rigole-t-il. «Et il y en a un autre qui m’a fait très mal, en 1988 : on avait cassé le levier de vitesses, on était pressé d’arriver à l’assistance, on a rattrapé une autre Toyota, sur la route, qui nous a fait signe de le dépasser… et il y avait un radar ! Ça m’a coûté une mise hors-course et un mois de retrait de permis...».
Si la saga d’Olivier Burri au RIV en tant que concurrent s’est terminée en 2019 avec le «doublé» père-fils sur le podium, elle continue toutefois dans les coulisses : «je fais mon maximum pour aider la nouvelle organisation» relève-t-il, « je les conseille, entre autre sur le choix du parcours. On est à fond derrière eux, ils ont une bonne approche, ça me plaît bien. On m’y verra peut-être en tant qu’ouvreur, mais plus jamais à me battre contre le chrono. J’avais dit à ma femme, en 2019, que ce serait mon dernier RIV, et je m’y tiens...». Dernier RIV, certes… mais pas dernier rallye : en janvier prochain, un Monte-Carlo de plus – son… 26ème ! - se dessine : «je viens de confirmer mes réservations...» sourit-il.
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Figurant parmi les grands événements sportifs du «Vieux Pays», le Rallye international du Valais (RIV) vivra sa 94e édition du 24 au 26 octobre prochains. Une édition qui scellera un nouveau partenariat avec l’Automobile Club de Suisse.
Texte: Mario Luini
Images: @ARC