Le Rallye du Valais vu par Ivan Ballinari

Haut-lieu du Championnat de Suisse de la spécialité, le RIV (Rallye International du Valais) a marqué plusieurs générations d’équipages, principalement Romands. Six pilotes – par ordre alphabétique le Tessinois Ivan Ballinari, le Jurassien recordman des victoires Olivier Burri, les Valaisans Jean-Marie et son neveu Sébastien Carron, leur compatriote ex-champion de ski Philippe Roux et l’ancien pilote de F1 Bâlois Marc Surer – replongent dans leurs souvenirs pour l’ACS, nouveau partenaire de l’épreuve. 

Ci-après Ivan Ballinari.

Ivan Ballinari au Critérium Jurassien, image: @ARC
Ivan Ballinari au Critérium Jurassien, image: @ARC

Ivan Ballinari : Le maudit d’Aminona

Si les équipages Tessinois, bien qu’en minorité dans le Championnat de Suisse des Rallyes, y ont souvent brillé, seuls deux d’entre eux ont inscrit leur nom sur la liste des vainqueurs, Claude Hort - Claudio Mosconi (Lancia Fulvia HF) en 1972 et Roger Krattiger – Paola Ferrari (Fiat 131 Abarth) en 1980. Plus près de nous, Ivan Ballinari (deux fois champion de Suisse en 2018 et 2019, cinq fois vice-champion et vainqueur de la Peugeot 206 Cup en 2004) est le dernier à y être monté sur le podium, avec une 3e place en 2006, cerise sur le gâteau de ses 11 participations entre 2000 et 2019.

Dans le «Trou des Tessinois»...

Il en garde quelques souvenirs indélébiles, comme sa victoire de classe avec la Peugeot 106 Gti de ses débuts, en 2001 : «on termine 22e du classement général» rappelle-t-il « mais on était beaucoup mieux classé avant une crevaison. Mon navigateur Roberto Amstutz, dont c’était le dernier rallye, en pleurait de déception!». Ballinari se souvent aussi tout particulièrement de l’édition 2003, terminée dans le «trou des Tessinois» ! «On est trois à être sorti au même endroit» évoque-t-il, «à la fin de la spéciale d’Aminona, après la ligne d’arrivée, à 10 km/h à peine sur une véritable patinoire ! C’est d’abord Pietro Galfetti (avec Alberto Genovesi sur Mitsubishi Lancer Evo VII) qui y est allé, puis nous. Je suis remonté sur la route pour prévenir les autres équipages, il y en a 20 ou 30 qui sont passé sans problème. Et puis est arrivé la Peugeot 106 Cup de mes amis Piero Marchesi – Luca Geranio, tellement lentement que je marchais à côté tout en lui parlant… mais il est quand-même sorti ! et la spéciale a fini par être annulée...».

Mais tout ne s’est pas toujours passé aussi mal : «En 2004 on termine 20e et 5e de notre catégorie, mais on était là juste pour marquer les quelques points qui nous manquaient pour remporter la Coupe Peugeot 206. Je crois que c’était la course la plus longue de toute ma vie… avec celle de 2018, cette fois pour assurer le titre national. Ce n’était pas vraiment rigolo ! On a juste attaqué dans la dernière spéciale, histoire de montrer notre vrai niveau. C’était une grosse émotion, le rêve de devenir champion de Suisse, qui nous paraissait inaccessible. C’était tellement de travail, de sacrifices...».

Ivan Ballinari au Rallye International du Valais Image: @ARC
Ivan Ballinari au Rallye International du Valais
Image: @ARC
Ivan Ballinari au Rallye du Chablais Image: @ARC
Ivan Ballinari au Rallye du Chablais
Image: @ARC

Dure défaite

Ce qui rendait la 3e place de 2006 (avec Paolo Pianca sur une Renault Clio S1600) d’autant plus appréciable qu’ils avaient bien failli ne pas être au départ. «On avait abandonné au précédent Rally Valli Cuneesi, en Italie, pour une broutille, et le préparateur GMA m’a fait une super-offre pour qu’on puisse courir le Valais, parce qu’on avait bien marché et qu’il voulait qu’on soit content de sa voiture !». Ce fut plus cruel en 2011, lorsque, en tête après la première journée, le moteur de leur Peugeot 207 S2000 s’est mis à hoqueter : «on a fait toute la longue spéciale des Cols comme ça, en se faisant doubler par cinq ou six concurrents… dont Nicolas Althaus, qui nous a passé à fond dans la descente sur Sembrancher. C’est passé au millimètre, là où il n’y avait pas de place pour deux ! Après, on en a bien rigolé, mais sur le moment, c’était chaud ! On se battait pour le titre avec Laurent Reuche (sur une autre Peugeot 207, avec Jean Deriaz aux notes). Il était de toutes façons plus rapide, il méritait parfaitement d’être couronné, mais perdre comme ça, c’était vraiment dur...».

«Bally» revenait au RIV en 2019, cette fois avec son 2e titre déjà en poche. «On se battait pour le podium avec Olivier Burri, et je sors à nouveau à la fin de la spéciale d’Aminona, à un km de l’arrivée ! Si je reviens un jour en Valais, ce dernier km je le ferai en 1ère vitesse…». Pas de quoi entamer l’estime qu’il porte à l’épreuve : «Le RIV, c’est différent. C’est toute l’histoire du rallye, il y a tout ce qu’il faut pour en faire une épreuve à part. Il n’y a en a pas d’autres qui soient aussi complètes. C’est bien qu’une nouvelle équipe d’organisateurs essaye de le remettre au niveau qu’il mérite. Malgré mes abandons, je n’y ai que des bons souvenirs !».

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Figurant parmi les grands événements sportifs du «Vieux Pays», le Rallye international du Valais (RIV) vivra sa 94e édition du 24 au 26 octobre prochains. Une édition qui scellera un nouveau partenariat avec l’Automobile Club de Suisse.

Texte: Mario Luini
Images: @ARC

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