Il y a beaucoup à découvrir dans le Haut-Rhin argovien : Des plaines alluviales sauvages par exemple, de superbes paysages balnéaires, des petites villes pittoresques et une célèbre brasserie.
Le tronçon argovien du Haut-Rhin s'étend entre les petites villes de Kaiserstuhl et Kaiseraugst (également connue sous le nom d'ancienne ville romaine d'Augusta Raurica). Les professionnels du tourisme appellent ce tronçon du Rhin « l'Amazonie suisse ». Non sans raison : le fleuve est resté à l'état naturel à de nombreux endroits. Il serpente à travers des bras idylliques, irrigue des zones alluviales et offre un habitat idéal à de nombreuses plantes et animaux.
La plaine alluviale « Chly Rhy » en est le meilleur exemple. Elle se trouve non loin de la ville thermale de Zurzach, au bord du Rhin, et est facilement accessible à pied ou à vélo (location possible auprès de l'office du tourisme local). La réserve naturelle a été inaugurée en 2015. L'habitat renaturé s'étend sur 35 hectares et constitue la plus grande zone alluviale du parc de protection des zones alluviales du Rhin. « L'ensemble de la zone alluviale renaturée est aujourd'hui à nouveau influencée par l'eau », explique le guide Ulysses Witzig lors d'une visite. Le bras latéral de 1,5 kilomètre de long, appelé « Chly Rhy », constitue le cœur du projet de renaturation. Des mares, des sites secs graveleux et sableux ainsi que des prairies humides et maigres riches en espèces ont également vu le jour.
La zone est utilisée de manière extensive. Des buffles d'eau ( !) sont parfois utilisés pour l'exploitation et broutent l'herbe. On y trouve des castors, des couleuvres à collier, mais aussi des amphibiens comme le sonneur à ventre jaune, le triton crêté ou le triton palmé, ainsi que de nombreuses espèces d'oiseaux. Et l'on aperçoit régulièrement des balbuzards et des grues.
Les hirondelles de rivage sont particulièrement faciles à observer. Un monticule de sable a été spécialement construit pour elles et elles l'utilisent comme lieu de nidification. Le petit martin-pêcheur bleu se sent également bien ici. « Après le départ des engins de chantier, la nature a entamé une reconquête étonnante », explique Ulysses Witzig. « Aujourd'hui, la zone alluviale est l'attraction touristique phare de Zurzach, après les thermes. De nombreux amoureux de la nature viennent ici pour prendre des photos ».
Non loin de là se trouve le moulin Barzmühle Bad Zurzach - le seul moulin à céréales intact sur le Rhin à écoulement libre. Une fondation a restauré ce moulin qui fonctionnait autrefois à l'énergie hydraulique et qui a été mentionné pour la première fois dans un document de 1446. Réparti sur plusieurs étages, l'intérieur abrite un musée. Des visites guidées sont proposées et le beau bâtiment peut être loué pour des événements.
Lors d'un tour dans le Haut-Rhin, il ne faut pas manquer la petite ville de Laufenburg. En effet, il y a une ville suisse et une ville allemande, chacune avec sa propre administration et sa propre gare. La faute à un empereur français qui a fixé le Rhin comme frontière nationale. Jusqu'en 1801, tout Laufenburg était sous la domination des Habsbourg, puis la ville a été divisée par Napoléon Ier lors de la « paix de Lunéville ». La rive droite du Rhin a été rattachée au margraviat de Bade, la rive gauche à la République helvétique.
« Aujourd'hui, nous vivons parfaitement le slogan "Deux pays, une ville", explique Pattric Grzybek, qui propose des visites guidées de la ville. « C'est surtout le carnaval qui nous lie fortement ». Laufenburg, avec son pont caractéristique sur le Rhin - c'est là que se trouvait autrefois le poste de douane - est idyllique et verdoyante. Il a quelques bons restaurants à offrir et on jouit partout d'une belle vue sur le fleuve. Il y a deux ans, le chemin piétonnier accessible « Laufenburger 8 » a été inauguré. Lors d'un tour de découverte, on passe devant la première centrale fluviale de la région, datant de 1914. Le musée Rehmann à Rheinfelden, en Suisse, vaut également le détour. C'est le seul musée d'art de la vallée de Frick et un lieu d'échange culturel.
Rheinfelden existe également en deux exemplaires, de part et d'autre du Rhin. La ville allemande de Rheinfelden n'a toutefois vu le jour qu'à la fin du 19e siècle. A l'époque, la ville était en plein essor, car des gisements de sel avaient été découverts et toute l'Europe avait pris conscience des vertus curatives des bains d'eau salée. Cela a ouvert la voie au développement d'une ville thermale, une tradition qui est toujours entretenue aujourd'hui dans le Parkresort Rheinfelden et les bains modernes Sole Uno. Les visiteurs ne devraient pas manquer de se baigner dans l'eau saline naturelle. Ceux qui s'intéressent à l'histoire de la ville et de ses gisements de sel peuvent réserver le « SalzGourmetTour », très apprécié des groupes.
Rheinfelden est également le siège de la brasserie Feldschlösschen. La plus grande brasserie de Suisse peut être visitée lors de circuits. Aujourd'hui encore, on brasse de la bière dans les bâtiments historiques du « château de la bière ». L'eau est fournie par une source à Magden (AG). Les énormes cuves en cuivre de la salle de brassage, d'une capacité de 40 000 litres chacune, sont impressionnantes. Dans le restaurant voisin de la brasserie, on mange bien et sainement. Il est également recommandé de visiter les écuries des chevaux de brassage.
Texte : Marc Benedetti
Images : zVg