La voiture a fait ses preuves depuis longtemps en tant que moyen de transport pratique et disponible à tout moment. Et elle continuera à jouer un rôle important à l'avenir. Malgré les nombreux obstacles légaux et sociaux, le président de l'association Thomas Hurter et de nombreux intervenants ont porté un regard optimiste sur l'avenir lors de la "Journée des garagistes suisses" à Berne.
Thomas Hurter, président central de l'UPSA (Union professionnelle suisse de l'automobile), est convaincu que la voiture n'a pas seulement su fasciner jusqu'à présent, mais qu'elle restera à l'avenir le principal moyen de transport en Suisse. Malgré les grands bouleversements liés au tournant vers l'électromobilité et les nombreuses difficultés liées à la crise, l'UPSA regarde l'avenir avec optimisme. A la mi-janvier, près de 850 participants ont pu se tenir au courant de l'actualité grâce à des intervenants spécialisés lors de la 17e Journée des garagistes, la plus grande et la plus importante rencontre de la branche.
L'UPSA souhaite également soutenir l'objectif de la politique visant à atteindre la neutralité climatique d'ici 2050, a souligné Hurter au Kursaal de Berne : "Mais nous ne sommes pas prêts à le réaliser en interdisant des technologies et en nous concentrant sur un seul aspect". C'est justement parce que, comme l'a souligné Hurter, "en 2035, environ deux tiers des voitures rouleront encore avec un moteur à combustion", que la solution ne résidera pas uniquement dans un passage rapide à la mobilité électrique. La question de savoir d'où provient l'énergie nécessaire à la mobilité est plus importante que le choix du concept de propulsion. Il faut donc aussi un développement continu du moteur à combustion pour que l'amélioration des émissions soit également possible dans les régions où l'électromobilité ne s'imposera pas de manière dominante avant longtemps. Les carburants synthétiques (e-fuels), qui peuvent être produits dans des régions ensoleillées et venteuses puis distribués dans le monde entier, sont parfaitement adaptés à cet objectif.
Lors de la table ronde, non seulement l'entrepreneur de sport automobile Flavio Helfenstein, directeur de Helftec Engineering, et le célèbre développeur de moteurs de course Mario Illien en ont été convaincus, mais également le conseiller national PVL Jürg Grossen. Contrairement à Grossen, Illien n'est toutefois pas un fan des voitures électriques. Il déclare : "Pour moi, un véhicule électrique est une voiture sans âme. L'Europe est en outre sur la mauvaise voie et glisse maintenant, après la dépendance à la Russie, vers celle à la Chine". A Berne, le Grison s'est fait l'avocat d'un avenir meilleur avec des voitures plus petites : "Je suis pour que nous construisions des voitures raisonnables. Les véhicules actuels sont trop grands et trop lourds. Pour notre mobilité, nous n'avons pas besoin de 500 chevaux. Je vois la solution dans les véhicules hybrides en série".
L'économiste fribourgeois Reiner Eichenberger part du principe que la politique climatique actuelle va échouer. Il demande plus de transparence des coûts dans la politique climatique et des transports de la Suisse, n'hésitant pas à faire des déclarations provocantes : "Il est étonnant de voir comment on peut planifier quand on ne sait rien", raille-t-il. Il existe pourtant d'innombrables études et plans sur la consommation d'électricité pour les 30 prochaines années. La tarification de la mobilité est la bonne solution, car finalement, on connaît le problème : les voitures électriques circulent gratuitement sur les routes sans payer de taxes. En outre, le développement des TP n'entraînera pas une diminution, mais une augmentation du trafic, estime Eichenberger : "On ne peut pas considérer les TP et le trafic routier indépendamment les uns des autres. Les modes de transport sont complémentaires".
"La mobilité n'a pas été inventée pour se sentir coupable. Elle a été conçue pour se sentir bien", a relevé le directeur de l'OFROU Jürg Röthlisberger. Selon Röthlisberger, le chemin vers une société à la mobilité exempte d'énergies fossiles est un long voyage qui ne peut pas être parcouru avec un seul mode de transport. Et : "Les transports publics couvrent 15 pour cent de la mobilité et coûtent deux à trois milliards de plus que les 85 pour cent restants. C'est un déséquilibre qu'il faut regarder".
Les nouveaux concepts de distribution sont un grand sujet dans le cercle des garagistes suisses. Avec ce que l'on appelle les vrais et les faux modèles d'agence, les constructeurs automobiles veulent obtenir plus de contrôle sur toute la chaîne de livraison jusqu'au client final. L'acheteur de la voiture doit ainsi conclure le contrat de vente avec le constructeur et non plus avec le concessionnaire. La question se pose alors de savoir à quelle liberté d'entreprise un concessionnaire est prêt à renoncer pour pouvoir exploiter le commerce de voitures neuves avec une plus grande sécurité des coûts et des investissements.
Dans son exposé au Kursaal de Berne, le juriste de l'UPSA Tobias Treyer a fait référence à la communication sur les véhicules automobiles (en résumé le marketing), qui a été jusqu'à présent une tâche importante pour les garagistes suisses. Une grande majorité des fabricants, a expliqué Treyer, souhaitent un changement du système de distribution afin de mettre fin aux innommables batailles de rabais. Selon Treyer, les avantages pour les concessionnaires sont que l'agent reste le visage de la marque et que sa rentabilité est assurée. Mais un des défis, selon lui, est que les constructeurs veulent aussi s'approprier le marché des véhicules d'occasion et la commercialisation des véhicules en leasing. Il est ressorti de tous les exposés sur ce thème lors de la Journée des garagistes que tous les modèles d'agence mis en place jusqu'à présent présentent des avantages et des inconvénients, tant pour les constructeurs et les importateurs que pour les garagistes. En raison du peu d'expériences actuelles, ce thème suscite encore aujourd'hui des incertitudes considérables dans la branche automobile.